Des abeilles & des hommes

L’abeille à miel  (Apis mellifera) vit sur notre planète depuis 6 à 9 millions d’années. Elle a évolué en 29 sous-espèces qui vivent à l’état sauvage en Asie, en Afrique et en Europe depuis des siècles. Avec le temps, elle a réussi à maîtriser tout changement (les maladies, les prédateurs, les températures extrêmes, etc.) grâce à la sélection naturelle. Ce petit hyménoptère existait donc avant , durant et après les  dinosaures. Il a survécu aux ères glaciaires, une adaptation extraordinaire ! Mais aujourd’hui, Apis mellifera peine à se préserver des ravages du dernier venu sur terre, l’Homme.

Si l’on remonte dans le temps, on retrouve notre abeille aux côtés de l’homme dès l’Antiquité. En Basse-Égypte elle était le symbole du pays. Les égyptiens n’avaient pas de ruches mais confectionnaient des abris pour les abeilles. En Grèce le miel était utilisé comme remède et à Rome on répertoriait le vocabulaire et les connaissances apicoles. En France on fabriquait des ruches avec l’écorce des arbres. Au Moyen-Age les récoltes de miel étaient abondantes et l’abeillage devint un droit féodal. Les premières ruches avec un système de hausse apparurent.

Entre la renaissance et le XIXème siècle de nombreuses études sont faites sur les abeilles. A cette époque 2 groupes d’apiculteurs s’affrontent, l’un défend les pratiques traditionnelles, l’autre les techniques modernes. C’est l’âge d’or de l’apiculture, plusieurs ouvrages sont publiés et une mutuelle se créé pour protéger les apiculteurs. On détermine les prix et on améliore la qualité des produits. On cherche la meilleure race d’abeilles, la meilleur ruche…. On effectue alors des croisements pour obtenir des abeilles sélectionnées plus dociles et travailleuses. Jusqu’aux années 1980-1990, les récoltes sont florissantes. Mais le métier devient très technique, fatiguant et coûteux avec le prix des traitements antiparasitaires. Le nourrissements, les résultats aléatoires et le prix de vente ne correspondent plus aux investissements de temps et d’argent.

En 150 ans, cette domestication des abeilles s’est renforcée et presque toutes les abeilles indigènes autochtones ont disparu de leur aire de répartition à cause du croisement spontané et pratiquement inévitable avec les souches de l’industrie apicole. Aujourd’hui, les abeilles utilisées en apiculture sont de plus en plus malades en raison de la sélection artificielle et des conditions d’élevage : Mauvais logements des abeilles, alimentation en sucre, sélection spécialisée pour la production de propolis, miel, gelée royale, etc…  propagation artificielle, perte d’adaptabilité aux conditions environnementales. Il est grand temps de prendre une nouvelle direction et cesser de penser que les abeilles ne peuvent pas vivre sans intervention humaine, en justifiant des traitements chimiques contre certaines maladies ou une alimentation artificielle n’équivalant pas au nectar saisonnier des fleurs. Ce sont justement le plus souvent ces méthodes qui rendent les abeilles malades et n’ont donc pas vocation à les sauver à  long terme…

De nombreuses études ont montré que les abeilles peuvent se réadapter à la nature. Il est urgent de mettre en œuvre de nouvelles pratiques apicoles raisonnables, responsables et durables. Car comme tant d’espèces sur notre bonne vieille planète, les abeilles subissent l’impact lourd et destructeur de l’Homme.

Tombe de Pabasa, rive ouest du Nil, environ 600 avant JC
illustration artistique ruche ancienne
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